Le carnet de bord sensible, Saint-Denis
Voici la version (presque) brute du carnet de bord sensible tenu par Alissone Perdrix et Fabienne Flambart, les deux artistes plasticiennes, enseignantes à Paris 8, qui ont conçu et encadré le Parcours 70 ans d’écart. Ce carnet de bord mélange des contenus audios et des prises de notes.
1ère rencontre avec les résident.e.s - 17/01/2023
Aujourd’hui, on a fait notre première rencontre avec les résidents de la résidence autonomie Dionysia. C’était un beau moment, très émouvant. Nous avons rencontré les résidents et leur avons présenté le projet en prenant appui sur les images des binômes de l’an passé.
Ensuite nous avons fait les présentations, chacun et chacune a dû se raconter.
“Marc était ouvrier de cuisine, il est là depuis 2 semaines.
Mechercki est curieux, Bernard le doyen souhaite progresser.
Dans les différents témoignages du tour de table inaugural nous sommes marquées par une récurrence “je me sens en sécurité ici”, “c’est une bonne maison”.
On leur a proposé de travailler sur des grandes feuilles de papier qu’ils ont dû déchirer, sur lesquelles ils ont écrit, et ensuite qu’ils ont accrochées au mur.
Marc voulait directement faire un éclatement, créer une sorte de jeu pour les futurs regardeurs. Annick était choquée de voir les papiers disséminés, par ses questions elle ne savait pas comment s’autoriser. Est ce qu’on doit faire des morceaux égaux ? Doit on tous faire la même chose ? Est ce qu’on doit découper droit ou est ce qu’on peut déchirer ?
Le repérage du nombre des lettres était très important.
Dès qu’on a donné les outils graphiques, ils se sont demandé s’il en prenait un ou plusieurs. Didier n’avait pris que du noir (un feutre et un pastel gras) puis a fini par demander du rouge pour faire des coeurs sur les D.
Laila a fait des fonds sur certaines de ses lettres, elle a coloré les morceaux quitte à salir sa table et ses mains, puis le mur. Elle en était désolée mais cela n’a pas réfréné sa créativité.
Certains ont réagi de manière très impulsive, d’autres de manière très ordonnée. Par exemple Barnard a mesuré avec ses lunettes l’écartement entre les différents morceaux car il n’avait pas de mètre. Puis il a fait des repères pour que chacune de ses lettres soient équivalentes. Mecherki était tellement dans l’impulsion qu’il n’a pas interrogé ses gestes prédéterminés et qu’à la fin il a émit l’idée qu’il aurait pu faire autrement, c’est à dire faire resurgir la calligraphie qui appartient à sa culture d’origine qu’il n’a pas fait venir spontanément dans le travail.
Inscrire dans l’espace les lettres de son prénom a remis en question la lisibilité du prénom. Saïd a mis les trémas en dessous du i. S, A, I, tréma, D.
Annick a été dans l’ornement, dans la lettrine. Nos deux personnes de l’institution ont participé, Lydia et Ferial. Elles ont inscrits leurs lettres avec les résidents qui se sont permis de faire remarquer à la directrice Lydia qu’elle n’avait pas respecté les consignes (tout son papier n’était pas utilisé) et qu’elle avait affiché son prénom au dessus de ceux des autres (forme de domination tacite)
Au moment de l’accrochage et en attendant son tour d’interview, les résident·es ont pu prendre la mesure de ce qu’ils avaient fait. Ce temps d’attente leur a permis de visualiser la dimension collective du travail et l’intérêt de rassembler les lettres sur le mur. “ça rend bien”, la présentation collective de ces prénoms sur le mur de leur institution leur a fait prendre conscience de leur existence dans des lieux et dans le fait que l’expérience est un moyen d’échange, c’est une étape dans un parcours et il y aura quelque chose après.
Pendant que certains attendaient leur tour nous avons pu les interroger en aparté sur l’expérience vécue pendant ces 2h. Didier s’est aperçu que (pour une fois) “le temps était passé à toute vitesse”. Quand on a demandé à Mechercki ce qu’il aurait fait autrement, c’est à ce moment-là qu’il a pensé à la calligraphie.
En fin de séance Marie Descure, artiste sonore, a commencé les interviews en tête à tête dans le petit salon annexe pour créer les capsules sonores qui seront les supports pour faire le premier lien avec les étudiant·es. Dans l’intimité du salon, et face aux questions sur leur vie posée par Marie de nombreux résident·es ont été bouleversés.
Soudain une nouvelle oreille s’intéresse à eux, leur pose des questions, les enregistre. Parler du passé, évoquer l’arrivée dans l’institution, tout d’un coup les inscrit dans une temporalité flouttée par le quotidien de la résidence. Cette temporalité resurgit et les fait exister autrement.
Ils et elles reviennent dans la salle commune émus de cette écoute et de ce temps de parole. Marie n’a enregistré que le principal et a interrompu l’enregistrement lorsque celui-ci révélait une blessure personnelle, une intimité qui dépassait le cadre de l’exercice de présentation. Certains ont pu influencer les plus réticents, ainsi Marc a invité Annick à se lancer sans peur, elle qui était réticente.. Saïd qui avait tout d’abord décliné à finalement accepté à partir du moment où d’autres sont passés avant lui.
On termine cette première séance en se disant que les choses semblent bien parti. Cette première rencontre les a déplacés, c’était intense. On a l’impression d’avoir réussi à les rassurer. Les petites réticences ou les peurs se sont vite dissipées dans nos échanges. C’est une étape importante.
Et la suite ?
>>>> Lors de la prochaine séance, nous proposerons aux étudiants le même mode opératoire autour des prénoms et des capsules sonores. Nous leur ferons écouter les capsules sonores des résidents.
>>>> Nous proposerons aux étudiants de faire un enquête album pour relater l’expérience du processus et le documenter.
>>>> Pour préparer la séance de rencontre résidents / étudiants il nous est venu l’idée, au regard des activités que peuvent avoir quelques résidents, de faire une présentation d’objet ou de création personnelle lors de la rencontre avec les étudiant·es. Chacun apportera une réalisation et nous installerons l’ensemble sur les tables du réfectoire pour d’une part les mettre en lien, et pouvoir susciter des actes de création à partir de ces objets réalisés. A partir du déjà fait rendre possible quelque chose.


Première rencontre avec les étudiant.e.s - 24/01/2023
Nous accueillons 7 étudiant·es sur le parvis de la résidence Dionysia. Quatre d’entre eux ne parlent pas très bien français et ont beaucoup de mal à s’exprimer. Dans la salle commune Bernard est déjà là, il discute avec Jacqueline et Maria les agents de résidence. Dès qu’il nous voit il se lève et vient s’installer avec les étudiant·es, son cahier et ses crayons, prêt à prendre des notes.
Alissone présente le projet de ce cours. Emotion, humain, écoute, confiance…
On insiste sur le fait que ce travail va changer les habitudes et que c’est d’abord une expérience à vivre. Tandis que les étudiant·es se présentent, Annick rejoint le groupe avec un magnifique châle gris crocheté. Bernard et Annick prennent part à la présentation. Ils sont très attentifs aux récits des étudiant·es. Ils ont raconté le pourquoi ils s’étaient inscrit·es à cet atelier, ce qu’ils et elles pratiquent, quels sont leurs sujets de mémoire et sous la direction de qui.
Bernard était très impatient de pouvoir écouter l’enregistrement sonore effectué la semaine précédente, nous avons donc commencé par l’écoute des capsules des résident·es.
Tout le monde avait les yeux rivés sur l’enceinte. La voix à 360° a permis d’augmenter l’émotion liée aux récits. Annick a eu les larmes aux yeux à la fin de son propre témoignage. elle disait “je ne reconnais pas ma voix, on dirait une vieille grand-mère, on dirait que j’ai vieilli de 10 ans “ ce à quoi Bernard à répondu “non non, c’est bien ta voix”.
Annick et Bernard sont étonnés des témoignages de leurs camarades et semblent apprendre certaines choses.
Firyal et Lydia trouvent que les capsules sonores sont très éloquentes, qu’elles saisissent en très peu de temps la vie de chacun. Théo a exprimé son émotion, d’autres étudiant·es ont renchérit dans ce sens.
Nous avons poursuivi avec le travail des prénoms, ce sont Annick et Bernard qui ont donné les consignes. Les étudiant·es ont accroché au mur aux côtés des prénoms existants. Les résultats sont très beaux. Annick ne pouvait pas s’empêcher de commenter la présentation des lettres, elle trouvait que les personnes de petite taille accrochaient en haut et les grands en bas… Elle a aussi fait pas mal de commentaires sur l’origine des étudiant·es en disant “c’est la Chine ici”. Elle se plaignait qu’on ne comprenait pas bien leur parole, ou qu’ils parlaient trop bas. Quelque chose se renverse, elle ressent une fragilité chez les étudiant·es qui quelque part brise le rapport d’infériorité qu’elle imaginait vivre face à des jeunes artistes.
C’est probablement un vrai atout dans le projet. Sa présence était très importante quand elle a partagé que “ ce qui nous tient c’est d’agir, c’est de trouver quelque chose à faire pour ne pas devenir des momies”.
Pendant que les étudiant·es se prêtent au jeu des capsules de présentation, Fabienne distribue et présente le corpus de textes que nous avons préparé en amont et qui vient étayer le projet. En quelques mots ils ont présenté l’état de leur recherche. Xing a montré des œuvres qu’il a réalisé à Annick et Bernard qui étaient curieux d’en voir plus.
Nous nous retrouverons finalement dans 15 jours, et on aura “vieilli” comme l’a très justement rappelé Bernard, qui a encore décliné l’aide proposée par Fabienne pour le raccompagner jusqu’à son appartement.
Nous avons demandé aux étudiant·es d’apporter un objet, une réalisation pour la séance de rencontre.


La grande rencontre - 14/02/2023
Aujourd’hui, après deux semaines de grève, c’est la séance de la rencontre entre les étudiant·es et les résident·es. Marc et Saïd n’ont pas souhaité poursuivre l’aventure, et Fyrial a dû convaincre Didier de revenir. Comme d’habitude Annick et Bernard sont dans la salle commune et attendent les étudiant·es de pied ferme. Didier est assez bougon et ne souhaite pas remonter chercher un objet. Il est bloqué, Annick tente de le convaincre mais il répond NON. Bernard, Olga et Mounia remontent chercher un objet, la plupart avait oublié. Mechercki reste assis impassible avec ses lunettes de soleil et quand on lui demande quel objet il a apporté il rétorque “un objet plein de mystères”.
Quand tout le monde est en place, chacun·e positionne son objet devant lui sur la table (même Didier qui est finalement remonté chercher sa lampe de sel dont il avait longuement parlé lors de la première séance). Annick ne se prive pas de lancer tout haut des commentaires sur les œuvres des étudiant·es “c’est pas joli ça”, “je ne mettrai pas ça chez moi” et montre clairement sa préférence.
Nous commençons le travail de projection / traduction d’objets qui consiste à choisir l’objet d’un·e autre participant·e et d’essayer de dégager sa spécificité, son histoire, ce que cela inspire. Puis le propriétaire donne sa version et choisit l’objet d’un·e autre. C’est une sorte de relais qui permet de faire le tour de tous les objets présents sur la table. L’intérêt de l’exercice est qu’il permet de parler de soi sans s’en rendre compte, d’évoquer des aspects de sa vie qui ne seraient jamais arrivés sur le tapis sans l’entremise d’un objet. Pour nous c’est une manière de mieux cerner les personnalités des un·es et des autres en vue de constituer les binômes.
Pour les étudiant·es les objets relèvent souvent de leur pratique artistique, les photos des grands-parents d’Ana, les peintures abstraites de Xing, le carnet de dessin de Théo, les créations numériques de Minyang, les aquarelles de l’opéra de Pékin de Dongzi, l’art virtuel de Junqi (que chaque participant·e a testé avec plus ou moins d’adhésion).
Les résident·es ont amené des objets du quotidien avec une forte portée symbolique et une charge émotionnelle et mémorielle. Le stylo Watermans de 1945 de Bernard, l’ensemble tricoté pour l’enfant du prof de gym d’Annick, la lampe de sel (première acquisition d’un objet de valeur) pour Didier, Mecherki et sa bague magique (héritage de sa tribu), le galet d’Olga trouvé sur la plage où son père avait un appartement en parallèle d’un petit chat en fer pour représenter sa passion des félins, Monia et son cahier de coloriage qui raconte son rapport à l’enfance et à ses rêves de couturière non réalisés.
Les résident·es ont été très attentifs aux explications des étudiant·es liés à leurs travaux.
Les récits d’objets ont provoqué des temps d’échanges qui nous ont donné des intuitions partagées pour former les binômes.
Entre le café et les gâteaux, Fyrial annonce les duos. Tout le monde est consentant et chaque binôme se retrouve pour un temps d’échange plus intimiste pendant 30 minutes afin de mettre en place les bases de la co-création. Chaque duo fait des étincelles, les yeux s’allument, des mains se posent sur les épaules, des rires, de la connivence et déjà, des projets à venir.
Mounia termine en disant “je suis fière de Xing”.
Théo a trouvé en Mechercki quelqu’un qui connaissait un boxeur qui habitait dans l’immeuble de son grand-père.
Annick est éblouie par la proposition d’Ana. Elle qui doutait tant de ce qu’on allait faire se laisse finalement emporter par le projet.
Théo exprime sa joie de participer à un tel cours.
La séance se termine avec des sourires aux lèvres, de l’émotion, des numéros de téléphone qui s’échangent. Vivement mardi.

Premier atelier de co-création 21/02/2023
Aujourd’hui nous arrivons à la résidence accompagnée de Véronique Gorioux qui va intervenir sur les conditions de l’avancée en âge afin de sensibiliser les étudiant·es et les résident·es et faciliter la compréhension mutuelle.
Comme la semaine dernière Bernard Monia et Annick sont déjà en bas, ils nous attendent en discutant avec le personnel, et Didier lui est encore dans sa chambre, personne ne sait s’il va descendre ou pas. Les étudiant·es et les résident·es s’installent autour de la table. Pas en binôme mais sur les places qu’ils et elles ont occupés la semaine dernière, comme une famille qui aurait ses habitudes à table. Théo est malheureusement malade et Mecherki est déçu de son absence. Yudan est revenue et nous découvrons que nous avons oublié de lui associer un·e résident·es. Quant à Leïla, après Marseille elle a finalement poursuivie en Algérie.
Les binômes se mettent au travail sur différents ilôts dans la salle commune.
Monia et Xing sortent les tissus et un buste de couture miniature qui va leur permettre de faire un prototype. Ils mesurent, coupent, plient le tissu. Monia est aux anges elle dit à Xing “tu es mon fils” puis se tourne vers nous et dit “je suis styliste” le rêve de son enfance est en train de s’accomplir sous nos yeux.
Junqi et Didier se lancent dans la réalisation d’une maquette du quartier qui doit permettre de faire rouler les petites voitures de collection de Didier.
Bernard partage ses souvenirs d’enfance et Minyang les illustre à l’aquarelle.
Olga et Dongzi se sont lancées dans un travail sur l’opéra en Carmen de Bizet et Pékin.
Mechercki et Yaong font de la méditation avec de la pâte colorée qu’ils appliquent sur des dessins réalisés au préalables.
Annick, Ana et Yudan sont lancées dans la réalisation d’un patchwork mélant crochet, tricot, photos, broderies…
Après le goûter nous passons à l’intervention de Véronique qui demande aux ainés de se mettre en équipe afin de donner leurs visions des jeunes et aux jeunes de se mettre en groupe pour donner leurs visions des aînés. Ils réalisent deux nuages de mots puis travaillent de concert à élaborer des slogans qui doivent valoriser le lien entre ces générations. “Adopte un jeune”, “….
Ensuite elle utilise un powerpoint pour parler du vieillissement, de l’avancée en âge, des différences et similitudes entre les jeunes et les anciens.
Tout cela est très gênant, les résident·es surtout réagissent, soit pour acquiescer soit pour démonter l’argumentaire. Veronique malgré son envie de bien faire réinstaure un clivage jeunes vieux qui n’est absolument pas à l’oeuvre dans 70 ans d’écart puisque justement tout l’intérêt de ce projet et de dépasser ces états par la co-création.
Deuxième atelier de co-création - 28/02/2023
Aujourd’hui Didier est en avance pour retrouver Junqi. Leïla est toujours en Algérie, laissant Yaong sur le carreau. Mecherki a vu Théo la veille, lundi 27 février, pour rattraper la séance précédente. Certaines étudiant·es arrivent en retard et cela perturbe leur binôme qui s’impatiente. Heureusement les étudiant·es qui se connaissent entre eux peuvent informer des raisons du retard. Olga qui a le numéro de Dongzi est déjà au courant.
Nouveauté, la soeur d’Annick est là, et elle a déjà créé des broderies pour participer au projet et avancer le travail d’Annick. La sœur d’Annick est un véritable soutien dans sa vie, et sa présence à l’atelier et son intégration dans le trio, qui deviendra un quatuor, en témoigne.
Les binômes se mettent rapidement au travail. L’enthousiasme est toujours là.
A peine la séance commencée, ils retrouvent déjà leurs emplacements de la semaine dernière. Ils gardent leurs habitudes, leurs repères, et semblent créer une zone de confort ensemble.
Monia & Xing
Xing qui est venu avec une amie l’utilise comme modèle, Monia est aux anges de créer en direct une pièce sans patron. “Méthode française”. Le vêtement prend forme sur le modèle, les débats sont constants entre Xing et Monia. Ils essayent, prennent du recul, défont, refont, piquent le tissu. Ils veulent écrire un poème sur la traine qui constitue le dos du vêtement. Il s’agit d’une dialogue entre la mort et la mode… étrange choix… Tous les deux ils communiquent par whatsapp, s’envoie des références, des photos, des vocaux…
Il s’agira d’une source importante pour leur future création sonore, les mémos vocaux, les choix de musique du défilé, et la lecture du texte de Giacomo Leopardi.
Didier & Junqi + Yahong
Yaong rejoint le duo de Didier et Junqi. Le nouveau trio semble bien fonctionner, Didier affirme à plusieurs reprises qu’il était d’accord pour l’accueillir. C’est une bonne chose car le projet de maquette du quartier pour faire rouler les petites voitures est très ambitieux, ils ne seront pas trop de trois pour le mener à bien. Ils découpent du carton plume pour fabriquer les bâtiments, Didier est à fond, il colle, maintient les parties entre elles le temps de la prise.
Pour la création sonore, au début pas d’idée… Je propose de laisser maturer le concept pour voir ce qui prend. A la fin de la séance, c’est tout vu : la maquette sera sonorisée de différents bruits de voitures, et Didier va écrire avec Bernard la liste des voitures depuis leur création, et la lecture sera enregistrée !
Annick & Ana + Chantal + Yudan
A côté c’est un quatuor qui s’est créé, Yudan, Ana, Annick et Chantal sa sœur. Les quatres travaillent de concert sur la tenture qui va assembler broderies, tricots, crochet, photographies. Yudan dessine sur des tissus les mains d’Annick, Annick brode les traits et apprend le point de chaînette à Ana. Pendant ce temps Chantal apprend à Yudan le crochet. Sous les yeux ébahis d’Annick, Yudan réussit du premier coup une fleur. Elle n’en revient pas, sa propre sœur a dit de cette étudiante chinoise qu’elle est surdouée. Yudan vient de gagner une place de choix dans le cœur d’Annick qui était pourtant sceptique la séance précédente lorsqu’elle avait rejoint son groupe. Il semblerait qu’il n’y ait pas d’âge pour déconstruire ses préjugés.
Concernant la création sonore, là aussi, pas d’idées… Je leur donne des pistes, come le bruit des aiguilles de tricot, le bruit des mains au travail, pour voir ce qui pourrait germer.
Mercherki & Théo
Théo et Mecherki poursuivent leur discussion chargée de spiritualité et de mystère. Tous les deux dessinent en même temps qu’ils parlent. Théo a rapporté les dessins qu’il a fait chaque jour pour illustrer un souvenir qui lui venait en tête. Ils semblent complices et très impliqués dans leurs échanges.
C’est ce thème de la mémoire, et leurs échanges de souvenirs, qui vont venir nourrir la création sonore. Quand je vais les voir pour savoir si ils ont des idées, il semble qu’ils en aient justement déjà parlé entre eux ! Ils ont envie de pousser la co-création dans le travail du son aussi, et de faire le montage ensemble. Dessin et son vont être véritablement liés dans leurs pratiques et dans leur co-création.
Bernard & Minyang
Mingyan et Bernard poursuivent le travail d’illustration des souvenirs d’enfance de Bernard. Mingyan travaille à l’aquarelle et produit une planche colorée où Bernard apparaît en bambin chauve dans divers paysages.
Comme ce sont les poèmes de Bernard qui inspirent la création plastique dessinée, je leur propose comme piste pour la création sonore, d’enregistrer la lecture des poèmes, par Bernard, pour venir soutenir par le son les dessins de Minyang. Ils semblent tous les deux très emballé·es par cette idée !
Olga & Dongzi
Olga et Dongzi sont sur leur opéra, l’opéra de Pékin pour l’une, et l’opéra de Carmen pour l’autre. À partir de l’œuvre numérique réalisée la semaine dernière, elle se lance chacune dans une aquarelle. Olga dit être freinée par la technique et elle souhaite aller au cyber pour imprimer des images qu’elle collera lors de la prochaine séance. Mais finalement elle avance dans sa production et le résultat est très convaincant.
Elles n’avaient pas forcément réfléchi au travail sonore en commun mais dès que je viens les voir pour aborder le sujet, instinctivement Olga me dit qu’elle aimerait travailler là aussi le thème de l’opéra. Elle a envie d’entendre ce qu’est un opéra de Pékin, et de faire écouter l’opéra de Carmen. Il faut d’ailleurs qu’elle cherche si elle a le CD… Elles feront les écoutes ensemble, et puis les commenteront, et s’enregistrent à cette occasion.
Martine
Martine nous a rejoint en cours de séance. Elle n’est pas venue au début car elle était trop déprimée, mais depuis qu’elle reprend son traitement elle se sent mieux et montre de la curiosité pour ce qui se passe dans la salle commune. Elle descend ses mandalas coloriés et se met à en produire un nouveau. Nous lui proposons de passer à l’aquarelle, et la séance se termine par une peinture collective à base de café sur un format raisin. Une vraie révolution. On chante un peu ensemble, elle est fan de Dalida et des années 60 en général. Elle nous trouve très gentille et belle.
A la fin de la séance, la fille de Monia nous rejoint, elle est à la fois épatée et très intéressée par le travail que réalise sa maman. Elle nous pose de nombreuses questions et note la date de la restitution. “Ah mais ça va être ta journée Maman!” Chantal la sœur d’Annick a aussi prévu d’être là.


Troisième atelier de co-création - 07/03/2023
Jour de grève, les étudiant·es ne peuvent malheureusement pas, pour la plupart, se déplacer. La mobilisation est forte, et les transports inexistants !
Sur-motivé·es, certain·es ont tout de même réussi à se déplacer.
Le trio Annick / Ana / Yudan
Yudan est venue à la résidence, Ana était en visio, et ont pu ainsi poursuivre leur atelier tricot / crochet.
Le duo Monia & Xing
Nos stylistes favoris ont également pu se retrouver. Monia, d’après Fyrial, semble un peu perturbée par ce que propose Xing, à savoir : l’introduction d’une dimension théâtrale dans leur création.
Troisième atelier de co-création bis + formation son - 14/03/2023
Une fois encore, les résident·es sont en avance !
Monia est arrivée avec les lettres de son prénom pour les accrocher au mur, à côté de Xing. Elle l’a fait d’elle-même et a préparé ses carrés à l’avance.
Bernard n’a pas chômé non plus : il a écrit un nouveau poème, en reprenant ses souvenirs des aquarelles de Ming Yang, et il a écrit dans la perspective de les dire, prenant en compte l’oralité de son écriture.
Didier est là, au rendez-vous, pas besoin d’aller le chercher dans son logement.
Annick est déjà assise sur une table au fond de la salle, semble attendre ses deux acolytes, son petit tas de carrés crochetés devant elle.
Les étudiant·es, nous disent à peine bonjour, et foncent vers leur binôme ! La magie est toujours là.
Annick Ana Yudan
Le trio fonctionne à merveille. Comme si depuis toujours elles se connaissaient. S’il existait des barrières, elles sont en train de bien s’écrouler.
Le travail du son n’a pas encore donné grand chose. Annick dit qu’elle n’aime pas trop parler, je lui réponds que lorsqu’on s’est rencontrées, elle avait très bien réussi l’exercice au micro, elle dit oui mais j’ai pleuré comme une madeleine. Elle ne veut pas re-créer cette image d’elle-même… “La mocheté”. On entame une conversation avec Fabienne pour creuser des pistes, tirer des fils. Elles semblent aller vers l’enregistrement du récit d’Annick qui commente la création en train de se faire, avec quelques réminiscences de musiques traditionnelles celtiques de sa Bretagne tant aimée.
Pour clôre le cours, elles décident d’étaler toutes les pièces de leur patchwork sur une toile afin d’assembler ensemble les différentes pièces : crochet, broderie, tricot, dessin, photo.
“On est dans un monde où il y a tellement de fantaisie qu’on peut en faire”, Annick
“ On va faire quelque chose de nous, si les cochons ne nous mangent pas !” Annick
Didier Junqi Yaong
Ils sont en train de fabriquer la maquette à 6 mains, avec une très grande concentration.
Junqi apporte spontanément sa note d’intention, qu’il a pris soin d’imprimer ! Lui et Yaong ont l’idée d’aller capter des sons de voitures depuis les espaces extérieurs, qu’ils retraduisent en maquette. Ce seront donc des sons d’enregistrements de terrain ! Je leur montre comment fonctionne un zoom, ils ont l’air d’avoir très minutieusement noté.
Monia Xing
Une nouvelle piste se dévoile : le côté théâtral. Ils écrivent sur le tissu le texte qui parle de la mode et la mort, sacré choix de texte…! Si au départ ce choix un peu théâtral perturbait Monia, elle semble aujourd’hui avoir bien accepté l’idée, et se l’est même appropriée.
Pour la création sonore, ils vont s’enregistrer en mode théâtre déclamant le texte.
Olga Dong Zi
Elles continuent de travailler sur l’articulation des deux formes d’opéra : Pékin & Carmen.
Il y aura une partie textuelle, une partie sonore, et une partie visuelle.
Pour la partie sonore, Dong Zo va travailler une composition musicale qui remixe les deux opéras. C’est une super idée, une re-création musicale !
Mecherki Théo
Ils sont si intensément fusionnels qu’on n’a pas grand chose à dire car on n’est pas trop allées les voir…. On dirait que c’est la même personne, l’un jeune et l’autre plus âgé !
Théo me propose de m’envoyer sa note d’intention en PDF par mail. Je l’ai ajoutée au drive. Il a beaucoup d’idées et ça va être vraiment bien.
Bernard Ming Yan
Bernard a commencé la séance en montrant le texte écrit à partir des souvenirs des aquarelles. Minyang travaille ses dessins passés en les découpant pour les recoller sur un dépliant. Elle laisse le côté gauche toujours vide pour le texte de Bernard. Il n’ose pas écrire directement dessus. Il a peur de rater. Il propose même de passer à une version dactylographiée car son écriture ne serait pas si top. Avec Fabienne, on lui dit que son écriture, c’est lui, qu’elle est super, et qu’elle serait indispensable à côté des aquarelles. On lui souffle l’idée d’’écrire à nouveau son texte, mais avec son fameux stylo plume… Il est séduit par l’idée, et va chez lui chercher le matériel. De retour, il prend une feuille de papier aquarelle, s’applique comme un enfant désireux de ne rien rater, et écrit son texte dans des petites cases délimitées au préalable.
Sa peau est rose ! Il finit son travail en s’esclaffant “je vais faire de la poésie toute la nuit”, il rit aux éclats !
Minyang a consciencieusement écrit sa note d’intention, c’est super, elle compte enregistrer la voix de Bernard pour la diffuser depuis un poste qui sera placé derrière ses livrets, le jour de l’expo. Je lui montre comment fonctionne un enregistreur pour qu’elle puisse s’en servir la prochaine fois.
Sébastien, le gardien de la résidence, est venu nous voir… Sa curiosité l’a poussée à venir jeter un œil aux différentes créations en train de se faire. C’est normal, il en entend parler tous les jours, nous raconte-t-il. Il a remarqué que les résident·es sont très en attente de ce temps de co-création, qu’ils ont moins d’idées noires, ça leur change les esprits, et que ça leur fait marcher la mémoire. “C’est comme si ce qu’ils font avait été là depuis très longtemps, et que ça sortait maintenant.”
Ces retours de l’extérieur nous prouvent, s’il en était besoin, de la qualité des échanges qui se tissent entre les différents binômes / trio / quatuor…!

Quatrième atelier de co-création - 21/03/2023
Aujourd’hui, pour le goûter, nous avons eu des ferrero rocher et des palets bretons.
Encore une fois, les résident·es sont en avance.
Didier, dont le trinôme est absent aujourd’hui, passe quand même nous dire bonjour, et donner un coup de main à Xing et Monia.
Annick attend de pied ferme, à sa table, son trinôme.
Olga est malheureusement absente.
Bernard papillonne en attendant Minyang.
Théo et Mecherki sont en fusion.
Tout le monde est en autonomie totale, et à la fin de la séance certain·es continuent de travailler alors qu’il est 18h47.
Anaïs, une ancienne de la promo 2021/2022, est là pour la séance !
Monia a quasiment fini l’écriture du texte sur le tissu.
Xing est déjà là pour repasser, il a apporté tout son matériel.
Annick a fait un cadeau à Ana pour la consoler : une écharpe avec un point assez complexe ! Elle pensait la lui offrir à la fin du projet, mais face à sa tristesse liée aux difficultés du mémoire à écrire, elle a décidé de la lui donner. Sa sœur a aussi brodé des petites fleurs en fil doré pour Alissone.
Le projet de Bernard et Minyang avance bien, ils en sont au stade d’un leporello, qui mêle les petites aquarelles et les textes au stylo plume ; Minyang prépare les idéogrammes.
Mecherki et Théo ont une bonne petite pile de créations, entre dessins et textes, ils travaillent toujours l’idée de la mémoire.
Annick a écrit un texte pour dire qu’elle ne veut pas être mise en avant, mais que ce travail est le fruit de la collaboration avec les étudiant·es.
Elle est très attachée à ce qu’on reconnaisse cette co-création. Elle a très peur d’être mise sur le devant de la scène. Elle se dit déroutée.
Tout ce qui pouvait subsister de peur de l’étranger est tombé, elle est fan de Yudan, en parle avec le sourire “elle a dit que j’étais intéressante, et qu’elle aimait m’écouter parler”.
17H, c’est l’heure du goûter, et Anaïs nous parle de son expérience 2021/2022 à l’EHPAD du Laurier Noble. Elle est impressionnée par la confiance, la complicité, les échanges, les créations plastiques plus abouties, elle est heureuse d’être là !
Elle nous partage un texte, et Martine demande si c’est Annick qui l’a écrit. Cela nous donne envie de le partager à tous, Anaïs en fait la lecture à haute voix.
Annick
“Arrêtez, arrêtez, je ne vais plus pouvoir marcher !”
Sur l’impulsion de Martine, on lit les textes de Mecherki, puis Bernard fait une récitation.
Martine, une espionne au courant de tout !
Fabienne pose la question : Comment vous définissez la co-création ?
Bernard : travail collectif
Monia : “c’est comme une renaissance”
Mecherki : une question de communication, ce qui fait écho à ce que disait Anaïs sur le langage “Mon ami Bernard a son stylo, dont il se sert comme d’un pinceau”
Didier : ah il reste encore pas mal de boulot, il a peur de ne pas avoir le temps de finir, ce pourquoi Junqi travaille à faire des plus petites maquettes pour avancer le projet.
Olfa, la fille de Monia, est revenue pour nous parler. Elle nous partage “la revanche” que prend sa mère sur sa vie, grâce à ce projet. Elle est très reconnaissante, admirative, de ce qui se passe naître les résident·es et les étudiant·es.
Annick a ramené son pédicure qui vient à domicile lui faire des soins. Elle est très fière de lui montrer ce qu’elle crée avec ses 2 acolytes.
Bernard traîne à la fin du cours pour aller voir les projets des autres, et vient nous parler longuement de la vieillesse

Cinquième atelier de co-création - 04/04/2023
En arrivant, Bernard, Didier, Ana, Annick et Marie sont déjà installé·e·s.
Quand Yaong arrive, Didier se permet de lui dire que ça fait 2 semaines qu’ils n’ont pas travaillé (à cause des grèves), il est pressé de reprendre, lui qu’il fallait toujours aller chercher dans son logement au démarrage du projet.
Les binômes sont contents de se retrouver après l’absence de la semaine dernière, mais ils et elles ont avancés chacun·e de leur côté.
Xing a terminé la couture du vêtement et il est allé tourner des images au bois de Boulogne. Xing et Monia nous partagent leur fil whatsapp, riche d’échanges très tendres, de remerciements, parsemés de coeur, d’images de références trouvées par chacun d’entre eux, de visite d’expo etc…
Yudan a crocheté des fleurs en s’inspirant du modèle réalisé par la soeur d’Annick. Cela impressionne beaucoup Annick qui est sidéré par les compétences si vite acquises de Yudan. Ana quant à elle brode la lettre écrite par Annick, elle trouve que sa technique n’est pas très académique mais persévère dans son travail.
Annicke est inquiète de la manière dont vont être évalués les étudiant·e·s. Cela nous amène à décider qu’il est nécessaire de repenser l’évaluation avec les binômes puisque une note plancher à été votée dans le cadre de la grève, mais aussi au regard de la transformation du projet tel qu’il a été amené au démarrage.
Mingyang et Bernard sont passés sur les illustrations de l’enfance de Mingyang beaucoup plus tumultueuses que ce qu’on aurait imaginé en la voyant. Bernard se permet une petite réflexion rigolote en disant qu’elle était dissipée et lui beaucoup plus sage.
Didier, Junqi et Yaong ont repris leur travail pharaonique et s’attaquent au jardin derrière la résidence. Ils travaillent d’arrache pied et n’ont pas peur des détails car ils réalisent même les bacs de jardinage.
Mecherki et Théo sont plongés dans leurs discussions, de nouveaux dessins sont apparus, on commence à ne plus savoir qui les a fait, Théo ? Mechercki ? Mecherki a pris confiance en lui car il ne voulait pas dessiner au départ. La semaine dernière, Mechercki a appelé Théo pour lui dire qu’il avait réalisé un dessin et qu’il était super content. Théo semble très touché par cette évolution.
En attendant Théo, Mecherki a discuté avec Fabienne. Pour lui ses dessins sont des supports philosophiques, il représente des archétypes, par exemple le dessin de la bohémienne qu’il a réalisé c’est la représentation de la femme libre qui lui plaît.
Olga a repris confiance et s’attaque à peindre une toile à l’aquarelle. La toile sert de support à leur recherche sur l’Opéra. Par dessus elles collent des impressions pliées en accordéon qu’elles ferment avec des fils rouges.
Après le goûter nous demandons aux étudiant·e·s et résident·e·s de se pencher sur l’évaluation puisque le cadre proposé au départ a été distordu. Il faut donc s’adapter et repenser l’évaluation.
Annick dit “la confiance, moi au départ j’avais peur mais cette expérience m’a appris à faire confiance.
Critères d’évaluation du cours travaillés par groupe
Ana / Annick / Yudan
> coopération l’un envers l’autre
> la technique
> appris et développé / les talents cachés
> nouvelle expérience (est ce qu’on a réussi à rentrer dans la proposition du cours)
> l’évolution du projet, son processus
Xing / Monia
> l’exposition
> le processus de travail
> la co-création
> la richesse du projet
> la rencontre
Olga / Dongzi
> Faire appel aux 2 imaginations
> Utiliser Internet
> le savoir-faire : peindre, coller,
> la qualité du travail dans le binôme, les échanges, le partage des connaissances
> l’acquisition de connaissances nouvelles (par exemple sur les opéras différents)
Théo / Mecherki
> le chemin parcouru entre les échanges riches artistiques
> évaluation de la production finale le jour de l’expo
> l’importance de la rencontre à travers les Thomas et sujets transmis par l’art
> L’utilisation des capsules sonores pour le montage son final
> comment l’art ignore la barrière de l’âge ? Un thème a explorer dans le son ?
Didier / Yang / Junqi
> participer
> création collective légo
> son / écho, calculer mesurer / Légo
Bernard / Mingyang
> la créativité du projet
> la fraicheur des aquarelles
> la bonne concordance des textes avec les images
> passer de 50 à 70 ans d’écart nous parait opportun entre une jeune fille de 25 ans et un résident de 98 ans
Bernard demande si les résident·e·s seront aussi notés ? Tout le monde rigole !
Annick a exprimé le fait qu’elle a découvert que la séparation jeune vieux n’était pas si insurmontable, et qu’elle pouvait établir une relation de confiance avec des jeunes, et qu’elle pouvait encore leur apporter quelque chose.
La séance prochaine, qui sera la dernière séance de création, nous envisageons d’amener les binômes à expérimenter la présentation dans l’espace.